Les écrivains du siècle

La Métisse - chapitre 1

Un ami m'a demandé de poster chapitre par chapitre son histoire : La métisse. Une histoire que j'ai trouvé sympa, ne jugez pas, ce sont ses débuts, il est jeune. Mais ne vous retenez pas pour donner votre avis - s'il est objectif - c'est le but recherché. Voici le premier chapitre. Bonne lecture.

La Métisse

*

Chapitre 1

C’était un mercredi où on ne voyait que le meilleur de la ville : les seuls bâtiments visibles dataient  du XIX ème siècle, autour du terrain de sport il n’y avait que des champs et au-delà des champs, des forêts. Le meilleur, ou presque, puisqu’il y avait toujours le terrain de sport, le gymnase et derrière, le collège, mais pour les voir il fallait se retourner. Le ciel était sans nuage et le soleil écrasant. Il faisait chaud, trop chaud pour faire du sport, trop chaud pour mettre le nez dehors. Pourtant, il y avait du monde dehors, des collégiens en plein cours d’athlétisme.

Elle regardait le ciel en imaginant sa fuite, elle rêvait de s’envoler bien au-dessus du terrain en narguant ceux restés en bas, elle dépasserait le champ voisin et irait contempler sa planète de bien plus haut et trouver ce qu’elle cherchait. C’est quand elle pensait à sa traversée des nuages qu’une voix la fit sortir de ses méditations :

-         Qu’est ce que tu fiche Idril ?! L’échauffement, c’est par là !

-         J’arrive !

Le retour à la réalité fut rude mais Idril revint vers son ennuyeux cours de sport. Idril était une jeune fille de 14 ans, un garçon manqué aux cheveux longs et tressés et aux yeux de couleurs différentes, l’un vert et l’autre marron. Elle portait des vêtements qui n’allaient pas ensemble et une montre à gousset dont elle ne se séparait jamais. Elle étudiait dans un collège crasseux, terré dans un vieux village français tombé en désuétude nommé Marao. Malgré le fait qu’il ait sombré dans l’oubli, elle appréciait son village pour ses paysages campagnards avec lesquelles elle se réveillait chaque jour. Ce qui la dérangeait en revanche c’était que sa région adorée soit peuplé d’adolescents cruels et stupides qui ne loupaient pas une occasion de faire remarquer à certains qu’ils ne les appréciaient pas. On se moquait de beaucoup de choses chez Idril : de son prénom, du fait que ce soit un garçon manqué, de sa façon de s’habiller, de sa montre à gousset, du fait qu’elle lise beaucoup, de ses capacités misérables en sport et qu’elle n’essaie pas de faire ami-ami avec les idiots habituels du collège. Mais elle s’en fichait, elle était fière de tout ça. Vivre sans ami lui paraissait facile et même normal puisque ce que les autres appelaient « amis », elle l’appelait « connaissances ». Elle considérait qu’on ne pouvait qualifier d’ami quelqu’un qui ne nous connaissait pas et que l’on ne connaissait pas plus.

-         Dépêches-toi un peu ! lui cria la fille de sa classe chargée de faire l’échauffement pour lequel elle était notée.

-         Qui es-tu ? lui répondit Idril.

-         Soraya !!! Je suis sûr que tu le sais très bien ! Si tu ne te dépêche pas, je vais dire à la prof que tu fais tout pour pourrir ma note !

Elle savait bien qui elle était, par un malheureux hasard elle se souvenait même de son prénom… C’était la collégienne qu’elle méprisait le plus, une fille de sa classe dont la méchanceté n’avait d’égale que la bêtise, néanmoins elle préférait lui rester indifférente en apparence, ça énervait Soraya et amusait Idril

-         Mon Dieu, je meurs de peur… Ca ne se voit pas ? Dois-je te rappeler que tu es notée sur ton travail et non pas sur les gloussements de tes imbéciles de copines.

-         Moi au moins j’en ai. Et on sait rire nous, les gens normaux.

-         Il y a une différence entre savoir rire et rire pour rien. Et si vous êtes des gens normaux, je préfère être la personne la plus étrange et excentrique au monde plutôt que d’être « normal » comme tu dis Oraja.

-         Je m’appelle SORAYA !!!

Là-dessus elle tourna le dos à Idril qui esquissa un léger sourire. Mais il ne tarda pas à s’évanouir lorsque Mme Corvée (le professeur de sport) la menaça de l’envoyer faire 10 tours de terrain. Là-dessus elle commença à s’échauffer à contrecœur. Après l’échauffement le plus mauvais de toute la classe - où les filles avaient plus parlé de leurs ongles, cheveux, tour de poitrine, tour de taille, petits copains, repas de la veille, etc…. que de l’échauffement - , elle partit vers le fond du terrain retrouver les connaissances intéressantes qu’elle possédait dans cette classe : Glavius et Mortimer.

-         Alors, prête pour le lancé de javelot ? lui lança Glavius en la voyant approcher

-         Oh oui alors ! Tu sais à quel point j’aime envoyer des bouts de bois de deux mètre sur le terrain en espérant qu’il se plante dans une terre assez dure pour briser le crâne de Soraya. Répliqua-t-elle

-         En même temps il ne doit pas être très solide vu ce qu’il y a dedans. Finit-il en ricanant.

-         Eh ! vous là-bas ! Bougez-vous si vous ne voulez pas vous faire empaler ! cria Mme Corvée.

-         Oui madame ! Oh se serait avec plaisir que je l’empalerai celle-là ! chuchota Mortimer.

Après une bonne dizaine de lancés où le javelot d’Idril ne dépassait pas les 3 mètres tous les élèves allaient comme à chaque lancé chercher leur javelot mais cette fois, Soraya voulut se venger de sa dernière dispute avec Idril d’une façon plutôt bien pensée – ou en tout cas qui aurait pu le paraître si elle n’avait pas mis une demi-heure à cogiter pour la trouver.

-         Qu’est ce que tu fais Idril ?! cria Soraya de façon à être entendu de toute la classe.

Elle était à 1 mètre d’Idril quand elle se laissa soigneusement tomber entre deux javelots. Il paraissait évident qu’elle avait fait exprès de tomber, néanmoins son mauvais jeu d’acteur réussit à convaincre Mme Corvée qui déboula comme une furie devant Idril en aidant sa soi-disant victime à se relever.

-         Ca va ? Tu ne t’es pas fais mal ? demanda-t-elle doucement à Soraya avant de se mettre à crier.

-         NON MAIS CA VA PAS NON ?! T’ES COMPLETEMENT MALADE, ELLE AURAIT PU TOMBER ET….

-         Et se prendre une écharde ? coupa calmement Idril

-         APPORTES-MOI TON CARNET, T’AS UN RAPPORT !!!

-         Seriez-vous aveugle MADAME ou feriez-vous partie du harem de cette imbécile ? Même Daniel Radcliffe aurait été plus convainquant. Répliqua-t-elle en commençant à s’énerver.

-         DEPECHES-TOI !!!

Sur ces bonnes paroles Idril lui donna son carnet de correspondance en lui disant qu’elle pouvait le garder. Bien sûr Idril fut obligée de subir le reste du cours, le professeur ne croyant pas qu’elle serait embêté de manquer un cours de sport. Madame Corvée passa tout-de-même le reste des 2 heures de sport à tout faire pour qu’Idril «  regrette son comportement violent » comme elle le disait si bien. Elle la faisait porter et placer le nécessaire de sport, ne manqua pas de l’interroger à propos de l’utilisation du starting block, de la faire passer la première à chaque exercice, de la mettre en boîte par exemple quand elle tomba en se prenant les pieds dans une barrière au saut de haies en disant qu’elle était l’exemple à ne pas suivre sur tout les points, et en ne disant rien quand Gilbert essaya de prélever du sang de sa blessure avec un bout de bois. En revanche, quand elle lui lança un regard meurtrier pour lui faire comprendre qu’il ne perdrait pas que son bout de bois dans son expérience et que celui-ci recula précipitamment, le professeur réagit vivement :

-         Soraya ne t’a pas suffit ?! Maintenant, tu t’en prends à Gilbert ! Ton rapport sera accompagné d’une heure de colle ! Estimes-toi heureuse que je ne te renvoie pas du cours pour comportement violent ! Si tu as tant d’énergie à dépenser, lèves donc les pieds plus haut de façon à ne pas faire tomber les haies à chaque fois que tu fait semblant d’essayer de sauter, pour retrouver le plus vite possible tes copains et te plaindre de tes victimes !

C’en était trop pour Idril.

-         Ne vous gênez pas pour me virer de ce cours inutile ! Ce sera avec plaisir que je le quitterais après vous avoir empalé vous et mes soi-disant victimes ! Je canalise justement toute mon énergie pour renoncer à le faire mais vous me prouvez tous secondes après secondes que ça n’en vaut pas la peine ! Bougez pas je vais le chercher mon carnet avec un javelot, histoire de vous les lancer en même temps ! Ca fera une belle brochette d’imbéciles !!!

On entendit un bruit sourd et un incroyable coup de vent fit s’envoler un javelot tordu par un élève, qui était jusqu’à présent posé par terre. Le vent fit s’envoler de la poussière, rendant impossible aux élèves de voir la scène. Un peu avant la fin de cette mini tempête on entendit un cri : Le javelot tordu traversait la cuisse de Mme Corvée une quinzaine de centimètres au-dessus du genou. Les filles criaient et les garçons restaient plantés bouche-bée devant ce spectacle sauf Glavius et Mortimer qui fonçaient vers le gymnase pour demander de l’aide à l’autre classe en cours de sport. Mortimer s’arrêta pendant que Glavius continuait sa course. Il aurait juré avoir vu un léger sourire sur le visage d’Idril qui s’avança vers lui.

-         Eh bien, que fais-tu, va chercher de l’aide, Glavius ne saura pas garder ses esprits pour expliquer la situation à Mr Rignoble (le professeur de sport de l’autre classe). Va avec lui je me charge de calmer cette bande d’ahuri.

-         Ok, dit simplement celui-ci

Idril réussit à calmer sa classe à coups de regards assassins et en criant avec un javelot dans les mains que quiconque lui vrillerait les tympans de cris suraigus finirait dans le même état que Mme Corvée. Sur le coup, la seule personne qui gardait ses esprits et qui avait dit vouloir empaler le professeur de sport juste avant que l’accident n’arrive, devenait assez effrayante. Tout du moins jusqu’à ce que les élèves soient assez calme pour constater que le javelot se trouvait à 10 mètres d’Idril quand le coup de vent eut lieu et qu’une à deux secondes plus tard Mme Corvée se fut retrouvée avec un bout de bois de deux mètre dans la cuisse. Certains élèves murmuraient quand même entre eux :

-         En faisant vite, elle aurait pu y arriver.

-         En faisant vite ? tout le monde sait qu’elle ne peut pas égaler une tortue unijambiste en course de vitesse. En plus, à cette distance, elle n’aurait jamais pu la viser correctement.

-         Elle a peut-être visée la tête.

-         Et puis avec ce vent, elle aurait été aveuglé, comme nous tous.

Justement, Idril n’avait pas été aveuglée, elle n’avait pas sentit, la poussière dans ces yeux, ni nulle part d’ailleurs, pour la simple et bonne raison qu’elle n’en avait pas reçu. La poussière l’avait épargnée et le souffle du vent ne lui avait pas paru désagréable, elle l’avait senti comme une brise à la fois fraiche et forte, mais agréable.

Quand Mme Corvée monta dans le camion des urgences, Idril croisa son regard, le professeur avait l’air à moitié endormi.

-         Je suis sûre que c’est toi.

-         Je n’aurai jamais risqué d’avoir des ennuis juste pour vous. En tout cas, je constate que même transpercée et bourrée de morphine vous trouvez toujours l’énergie de m’accuser de tout vos malheurs. Lui répondit Idril.

Après avoir lancé des regards apeurés et en colère à Idril, Mme Corvée s’endormit et fut montée à bord du camion.

-         Avec un peu de chance on la reverra plus avant longtemps.

-         Dit pas ça, tu risque d’être accusé.

-         C’est déjà le cas…

-         Mais pour l’instant ce ne sont que les imbéciles de cette classe, en revanche s’ils parlent aux policiers – ce qu’ils sont en train de faire – il n’y a pas besoin de cogiter longtemps pour savoir à qui est-ce qu’ils vont poser les questions, et si tu leur fait part de ton avis sur Mme Corvée.

-         Je ne vois ni pourquoi tu ne les mets pas dans le même bateau que les élève puisque eux non-plus ne sont pas très futés, ni pourquoi j’aurais à m’en inquiéter.

-         Parce que l’hypothèse du coup de vent assez puissant pour soulever un javelot et l’envoyer dans la jambe d’un prof que tu étais loin d’apprécier n’est pas très plausible, dit Glavius en s’incrustant dans la conversation.

-         Peut-être vas-tu me dire que se rendre compte que tout le monde est aveuglé par un coup de vent, courir jusqu’à un javelot auquel on avait pas prêté attention auparavant, le ramasser, le lancer et atteindre une cible en plein mouvement malgré un énorme coup de vent en l’ayant lancé avec suffisamment de force pour la traverser, tout ça en 2 seconde évidemment est une hypothèse plus logique ?

-         Euh… Tu n’as pas tout-à-fait tort. Sans compter que toi aussi tu étais aveuglée.

-         Bien-sûr. Menti simplement Idril.

Sur ce, il baissa les yeux et se tût. Un peu plus tard, les deux policiers qui venaient d’interroger les autres élèves vinrent évidemment faire de même avec le trio en s’adressant surtout à Idril, les autres n’osant prononcer un mot de toute façon.

-         Alors comme ça tu avais quelques différents avec ton professeur ?

-         Vu ce qu’on nous a dit « quelques différents » n’est pas tout-à-fait le terme, coupa le second avec ironie.

-         Toi la ferme, rétorqua le premier puis poursuivant, ne crois surtout pas que nous te soupçonnions, après tout, en si peu de temps tu n’aurais certainement pas pu aller jusqu’au javelot, le lancer correctement et avec suffisamment de force tout en étant aveuglé donc…

Il s’interrompit en se rendant compte qu’il venait de se convaincre lui-même.

-         Puisque vous semblez convaincu de mon innocence, je n’aurai qu’à vous compter les faits et nous pourrons nous retirer.

-         Euh… Eh bien oui

-         Comme vous le savez déjà j’étais en pleine discussion avec Mme Corvée….

Au mot discussion, Idril fut interrompu par les rires de ses deux camarades. Elle leur lança un regard meurtrier qui les fit taire - et effraya par la même occasion les policiers -, puis repris.

-         Je disais en donc en pleine DISCUSSION avec Mme Corvée  notre professeur de sport lorsqu’un coup de vent nous a tous aveuglé. J’ai entendu un cri et quand j’ai ouvert les yeux, Mme Corvée avait un javelot dans la cuisse. Les déclarations de mes deux camarades seront le mêmes, aussi je pense que nous pouvons nous retirer.

Ils étaient si désarçonnés par le comportement d’Idril qu’ils furent incapable de prononcer un mot.

-         Au fait, personne n’apprécie les policiers ici, il me semble donc nécessaire de vous conseiller d’abandonner votre numéro de gentils flics et de le renvoyer à sa juste place, c’est-à-dire dans le néant.

Vexé, le premier policier parvint à articuler quelques mots, bien que son ton qui se voulait autoritaire fût trahi par ses tremblements et bégayements prouvant qu’il avait bel et bien perdu ses moyens.

-         Ton insolence te perdra.

-         Je suis sûr que vous y veillerez.

C’est sur cette dernière déclaration lancée sur un ton de défi que le trio s’en alla en sortant directement du collège sans autorisation.

-         C’était vraiment osé, s’adresser comme ça à un flic…

-         Au contraire, je pense que je n’en ai pas assez dit.

-         C’est de la provocation pur et simple.

-         Je n’ai fait que parler librement, on ne peut pas me punir pour ça, la liberté d’expression est inscrite dans la constitution.

-         Ya que toi pour l’avoir déjà lu…

-         T’exagère, même Soraya les comprendrait, c’est juste que vous êtes tous d’incroyable feignants.

-         Tu peu parler, tu reconnaissais toi-même être la pire des feignasses en primaire.

-         Ça c’était avant d’entrer au collège et de me rendre compte qu’à côté d’un ado, j’étais un bourreau de travail. D’ailleurs avant le collège, tu étais plus énergique que ça Mortimer.

-         J’fais c’que j’veux… Bougonna-t-il.

-         Et moi ? intervint Glavius.

-         Je ne te connaissais pas abruti.

-         Au fait, où va-t-on ? Demanda Mortimer qui semblait avoir oublié la précédente remarque d’Idril sur lui.

-         Comme tu veux. Du moment qu’on s’éloigne de cette endroit tout me va, répondit Idril en regardant le vieux bâtiment du collège.

 

 

J'espère que ce premier chapitre vous aura intéressé. Si vous voulez lire la suite, je vous invite à demander en commentaire que je la publie. C'est juste pour que l'auteur sache si quelqu'un a lu son récit.



17/07/2012
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